Corinne Lepeytre

GravEure

Paris gravé

Exposition du 2 novembre au 26 novembre 2023


Corinne sera présente les 24, 25 et 26 novembre à la boutique/galerie  Rouge Grenade de 16h à19h.


Ouverture de la boutique  le dimanche 26 novembre de 15h30 à 19h pour le dernier jour de l'exposition de Corinne.


 

Une première à la Boutique Rouge Grenade !

Nous sommes ravis d'accueillir pour la première fois les œuvres de Corinne Lepeytre, une artiste graveure qui habite et travaille dans le quartier. Son "Paris Gravé" est un beau travail autour de la ville lumière et ses passages, ses verrières, ses rues ou encore ses sorties de métro ou ses toits qui invite à la flânerie et la rêverie. Laissez-vous guider par les rythmes des lignes et venez vous promener dans ses gravures en noir et blanc pour aller à  la recherche des lieux qu'elle affectionne. 


" Je porte un regard curieux et érudit à travers la ville et révèle les faces cachées et surtout l'âme des lieux, mystérieuse ou énigmatique." CL

Corinne sera présente au vernissage pour échanger avec vous sur sa pratique de la gravure, le plus souvent sur plaque de zinc et à l'aquatinte, et vous présenter ses œuvres. 

 

 Vernissage le vendredi 10 novembre de 18h à 21h   

 

"Pour Corinne, le paysage urbain est un terrain de prédilection, et principalement Paris, parce que c’est là que sont ses racines.

Avec Corinne comme guide, du détail au plan large, à la lumière vive du jour ou dans la pénombre de la nuit, nous découvrons les strates de l’Histoire, les empreintes et traces que les humains ont laissées sur les murs de la ville aux multiples facettes.

Elle dit devoir son goût pour la gravure à la rencontre des estampes de Piranèse, Canaletto et Desmazières.

Corinne pratique la gravure à l’aquatinte sur zinc ou cuivre. La plupart de ses épreuves sont monochromes, à l’encre noire sur papier chiffon et à bords perdus." 

                                                     Corinne Lepeytre 


Corinne parle de sa technique d'aquatinte :

 

Pour ma part, j’utilise du zinc.

La préparation de l’aquatinte consiste à déposer sur le zinc une fine couche de résine en poudre qui sera fixée en la chauffant.

Chaque grain de résine rend la plaque étanche à l’acide. Il ne pourra mordre le zinc qu’entre les grains créant de minuscules points. A l’œil ces points créent l’illusion d’un aplat, d’une teinte. 

Pour mordre le zinc j’utilise du sulfate de cuivre.

Plus la plaque est plongée longtemps dans le sulfate de cuivre, plus la morsure sera profonde, plus la teinte sera foncée.

Je recouvre les zones que je souhaite préserver d’une teinte de vernis spécial au pinceau. Mon geste peut s’assimiler à celui du peintre. Avec cependant, un résultat inverse : là où je « peins » au vernis, il n’y aura pas de teinte.

A chaque bain dans l’acide la tonalité change : elle fonce. Entre chaque bain je renouvelle la pose de vernis pour garder la teinte obtenue. Je refais ce geste autant de fois que je souhaite avoir de tonalités différentes. 

Et comme j’imprime avec de l’encre noire, on peut parler de tonalités de gris. 

Là où le résultat du tirage est le blanc du papier, la plaque de zinc n’a jamais été en contact avec le sulfate de cuivre. Le vernis l’a isolé. Là où le résultat du tirage est noir, la plaque a été le plus longtemps en contact direct avec l’acide qui l’a creusé. Les creux vont retenir l’encre et rendre le noir à l’impression.

A la fin du process je retire le vernis et la résine. Je ne connaitrais réellement le résultat de mon travail qu’après impression. Ce qui se passe dans l’acide est difficilement visible à l’œil. Et l’impression se faisant sous presse, ce n’est qu’après que je découvre le résultat. Je peux presque dire que tout se fait en dehors de mes yeux.

Donc pour voir ce que j’ai créé, je dois imprimer. J’encre la plaque avec une encre spéciale taille-douce. Opération délicate car il ne doit rester de l’encre que dans les creux. Le papier chiffon doit être préparé, découpé et humidifié pour qu’il aille chercher l’encre au fond des tailles. Pour ces opérations j’utilise de l’encre Charbonnel et du papiers Arches.

La matrice ainsi créée permet de réaliser plusieurs tirages. Le zinc étant un matériaux « mou » il s’altère rapidement sous la pression de la presse. Le tirage doit être limité pour garder la qualité des gravures. Je réalise des tirages à bords perdus (sans marge). Ainsi, chaque tirage est numéroté, titré, signé au dos des épreuves. 


Les passages et  les verrières

Le métro

Les rues et les toits et gare



Article rédigé par Francis Capdeboscq pour Art et Métiers du Livre (numéro de nov/dec).

Article rédigé par Maxime Préaud le 6 novembre 2023 dans le magazine D'information de Manifestampe.

Malgré les efforts soutenus de ses édiles successifs, Paris reste encore une belle ville, profitons-en, son avenir est incertain. Ceux qui l’aiment la retrouvent en partie dans les estampes de Corinne Lepeytre. Cela fait plusieurs années qu’elle nous montre les endroits qui lui plaisent, qui ont pour elle et peut-être pour nous une signification importante, que ce soit pour le regard ou pour le sentiment — et du sentiment, il y en a. Apercevoir au loin le dôme de l’observatoire de la Sorbonne, sortir du métro entre les ramures d’Hector Guimard, changer de quartier grâce à un passage couvert, s’aveugler momentanément dans le reflet de verre et d’acier de quelque bâtisse plus moderne (elle m’a avoué qu’elle aimait bien le verre et l’acier, à chacun ses goûts), mais aussi reconnaître la verrière de l’atelier de la Fondation Taylor, voir vibrer dans la brume de chaleur émanant des toitures haussmanniennes en zinc (un rappel, me dit-elle, de celui sur lequel elle grave ses aquatintes, subtile symbiose) les lointains banlieusards, voilà ce que Corinne Lepeytre nous propose avec la quarantaine d’estampes, exécutées entre 2018 et 2023, présentées dans la boutique de Rouge Grenade.

Outre la beauté de son travail, j’ai personnellement apprécié que ses estampes, imprimées par elle-même à bords perdus, se présentent donc sans marges pour qu’en gênent la lecture les inscriptions diverses plus ou moins bien écrites dont abusent généralement les stampassins et stampassines d’aujourd’hui. Les informations nécessaires se retrouvent au verso.            Maxime Préaud