Jean-Pierre Plundr

Exposition du 21 février au 6 avril 2019


À vous, voici ma biographie !

Je suis né à la fin du printemps de l’année mille neuf cent cinquante-sept. L’été fut chaud et ensoleillé. Il se prolongea jusqu’aux derniers jours d’octobre. Ainsi, j’ai passé les premiers mois de mon existence dans un berceau à l’ombre des fruitiers d’un jardin. Pour me protéger des guêpes et autres insectes malveillants, un discret voile de tulle m’a fait percevoir le monde, allongé que j’étais, derrière la trame protectrice du tissu. J’ai emmagasiné dans cet état, les vibrations de la lumière dans les feuilles, enivré par le parfum des fruits à point qui tombaient sur la pelouse. Il faut croire que mon cerveau en formation, réceptif à ce qu’on nomme les fonctions implicites de la mémoire, orienta pour toujours ma perception du monde ; je ne le conçois désormais que comme un jardin d’Éden soumis aux caprices d’un éclairage changeant.

 

Vers les dix ans, le dimanche, ne trouvant que l’ennui, dans un petit cabanon aménagé au fond du potager familial, j’ai commencé à peindre. À dix huit ans, J’ai rêvé d’être architecte et ne le devenant pas au cours d’études buissonnières où je passais plus de temps dans les musées et les bibliothèques qu’à ma table, le vent de la peinture m’a rattrapé logiquement. Cette passion a balayé d’un coup l’échafaudage des mes architectures de papier. J’ai sérieusement envisagé qu’hélas je ne pouvais que répondre à cet appel.

 

Longtemps, je me suis couché tard ou pas du tout, aimant travailler la nuit, sortant peu de l ‘atelier, ne montrant pas mon travail. Me sentant coupé du monde qu’on dit “culturel”, j’ai trouvé comme moyen de m’y relier, ayant le goût d’écrire, la pratique épistolaire d’un autre âge ; celle-ci m’a permis de rencontrer et de devenir ami avec des artistes et des écrivains qui m’ont encouragé. Parmi ceux-ci, Pol Bury, Henri Cueco, Samuel Buri, Michel Butor, Bernard Noël, Jean Roudaut ont été de précieux soutiens et les échanges sur le papier à lettre ont été formateurs.

 

Si je devais définir en quelques mots mon parcours, maintenant que les œuvres osent prendre l’air, je dirais qu’il est fait de détours et de continuité ; aimant changer de technique, de support et de format, alternant les périodes de noir et blanc et de couleur, flirtant entre abstraction et figuration, je pense avoir toujours suivi le même chemin. De mes premiers tableaux et dessins où se superposaient avec minutie tout un arsenal de grilles et de trames jusqu’aux peintures récentes où le geste est présent et la composition plus spontanée, j’ai toujours voulu exprimer mon étonnement devant le réel.

 

Depuis une quinzaine d’années, sur des carnets, je consigne méthodiquement par l’image et l’écriture mes impressions de voyage, ceux effectués dans l’atelier et ceux qui m’amènent en Grèce. Ces carnets sont un lieu de grande liberté et de création immédiate ; je retrouve là, dans la légèreté des moyens mis en œuvre autant de plaisir à esquisser les tableaux qui verront peut-être le jour qu’à représenter, sur une île de l’Égée, l’ombre d’un tamaris sous lequel je somnole. Façon sans doute de revenir avec innocence aux illuminations de la première enfance, auxquelles je suis resté fidèle, quand les variations de l’intensité lumineuse orientaient mon regard vers la gratuité et la jubilation.

 

JP. Plundr

Peintures acryliques sur toile

Gouaches sur papier 9x9cm